Questions / Réponses.
De quels moyens le fisc français dispose-t-il pour détecter les activités crypto non déclarées ?
1. Collecte automatisée des données publiques (loi de finances 2020)
Depuis 2020, la DGFiP (Direction Générale des Finances Publiques) est autorisée — sous contrôle de la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) — à analyser automatiquement :
- profils et publications sur réseaux sociaux ;
- annonces en ligne ;
- contenus rendus publics par les utilisateurs ;
- traces numériques visibles sur certaines plateformes.
Objectif : identifier les signes extérieurs de richesse ou indices d’activité crypto non déclarée.
2. Data-mining et intelligence artificielle : le programme CFVR
Le programme Ciblage de la fraude et valorisation des requêtes (CFVR) permet de :
- croiser données fiscales, bancaires, cadastrales ;
- repérer anomalies statistiques et flux atypiques ;
- analyser les retraits importants depuis des plateformes d’échange ;
- détecter des comportements suspects via l’IA.
En 2024, près de la moitié des contrôles de particuliers ont été initiés grâce à ce système de ciblage.
3. L’outil “Galaxie” : vision globale du patrimoine
L’outil interne Galaxie regroupe toutes les données patrimoniales et financières d’un contribuable :
- revenus,
- comptes bancaires,
- actifs immobiliers,
- mouvements financiers.
Il permet une vision d’ensemble très précise, facilitant la détection d’anomalies.
4. Le renseignement financier : le rôle de Tracfin
Les établissements bancaires et les prestataires de services sur crypto-actifs (PSCA) sont soumis aux obligations LCB-FT (lutte contre le blanchiment et financement du terrorisme)
Ils doivent signaler à Tracfin (le Service de renseignement financier de Bercy) :
- transferts suspects ;
- opérations volumineuses ;
- conversions crypto ↔ fiat inhabituellement élevées ;
- mouvements sans justification économique.
Ces informations peuvent être transmises ensuite à la DGFiP, qui peut exercer son droit de communication.
5. Les échanges internationaux d’informations
Échange automatique d’informations bancaires (CRS/AEOI)
La France reçoit chaque année les informations sur les comptes bancaires étrangers de ses résidents.
Coopération fiscale bilatérale et multilatérale
Les conventions fiscales et accords OCDE permettent d’obtenir des données sur les contribuables français actifs à l’étranger.
6. Reporting obligatoire des plateformes : DAC8 (2026) et CARF (2027)
DAC8 (Union européenne)
À partir de 2026, les plateformes devront transmettre aux autorités fiscales :
- l’identité de l’utilisateur ;
- sa résidence fiscale ;
- tout l’historique des transactions.
CARF (international)
Dès 2027, ce dispositif étendra le reporting à de nombreux pays hors UE.
Le fisc aura donc accès à la majorité des données clients des plateformes, qu’elles soient européennes ou non.
7. Croisement et exploitation algorithmique des données
Les outils du fisc permettent aujourd’hui de croiser :
- données issues des banques,
- déclarations fiscales,
- données Tracfin,
- données des plateformes (DAC8, CARF),
- informations publiques,
- données cadastrales, etc.
Ces croisements rendent détectables presque toutes les activités crypto non déclarées.
Conclusion : un dispositif de surveillance complet et performant
Entre intelligence artificielle, coopération internationale et reporting massif, le fisc français dispose désormais d’un arsenal très performant pour détecter les revenus et comptes crypto.
Dans ce contexte de transparence, la conformité fiscale devient essentielle pour éviter les risques de contrôle ou de redressement.
Les informations contenues dans cet article sont fournies à titre purement informatif et ne constituent pas un conseil juridique. Elles doivent être appréciées au regard des circonstances propres à chacun et ne sauraient engager la responsabilité du cabinet QOMIT ou de ses avocats. Il est recommandé de solliciter un avis professionnel avant toute décision.
